De l’origine extraterrestre des hommes et des femmes
◑ Édition croissante : premier quartier du 11 septembre 2024
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De l’origine extraterrestre des hommes et des femmes
On a reproché bien des choses, souvent à raison, à John Gray et à son best-seller Les Hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, paru en 1992. Simpliste, réactionnaire, véhiculant une idée galvaudée des stéréotypes de genre, son livre ne serait que le triste reliquat d’une époque révolue.
Ce que beaucoup ignorent, c’est que le texte qu’ont pu lire des millions de lecteurs n’a que peu à voir avec celui imaginé à l’origine par John Gray. La quasi-totalité de son manuscrit a en effet fait l’objet d’une réécriture aussi minutieuse que malhonnête de la part de son éditeur HarperCollins, qui a profondément dénaturé la thèse de l’auteur.
Si on a longtemps pensé que cette réécriture n’avait été motivée que par de basses préoccupations commerciales, de nouveaux témoignages, ainsi que la réapparition d’une partie du manuscrit original de John Gray, laissent aujourd’hui imaginer des hypothèses bien plus inquiétantes. Censure des autorités ? Panique devant la radicalité de la thèse avancée par M. Gray ? Nous vous laissons juges.
Voici en tout cas, en exclusivité mondiale et grâce à la complicité d’une source au FBI qui souhaite rester anonyme, un extrait du manuscrit original de Les Hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, tel qu’écrit par John Gray avant les modifications de HarperCollins.
Je suis aujourd’hui en mesure de communiquer les résultats de mes recherches sur l’anatomie de « notre espèce » (j’écris ces mots entre guillemets car, j’en suis désormais convaincu, elle n’a jamais été nôtre et ne saurait en aucun cas constituer une espèce unique). Jamais je n’aurais pensé, en entamant mon travail, qu’il allait me conduire à pareilles conclusions — et à craindre le pire, tant pour ma santé mentale que pour ma vie.
L’espèce humaine n’est pas d’origine terrestre. Le dimorphisme sexuel d’homo sapiens ne correspond en effet à aucun de ceux observés ailleurs dans la nature. Si l’on disposait depuis longtemps d’hypothèses, certes peu satisfaisantes, au sujet de certaines anomalies humaines — comme par exemple l’accumulation de graisse au niveau des glandes mammaires des femelles —, la plupart restaient inexpliquées. Jusqu’au jour où, tel Alfred Wegener reculant de trois pas devant sa planisphère et constatant que les deux rives d’un océan s’imbriquent parfaitement, j’ai porté mon regard au-delà des confins de la Terre et remarqué que si les particularités des mâles et femelles humaines semblent dénuées de sens lorsqu’on s’intéresse uniquement à notre planète, elles sont parfaitement logiques une fois admise l’hypothèse que ces organismes ont évolué ailleurs.
Qu’on s’intéresse au cas des deux planètes les plus proches de la nôtre. Mars tout d’abord, où règnent une gravité plus faible et une température glaciale. Précisément le genre d’environnement qui donnerait naissance à des organismes de grande taille, aux os plus longs, à la peau plus épaisse, dont les membres antérieurs seraient dotés d’une grande force afin d’exploiter au mieux la finesse de l’atmosphère : dans un tel environnement, les armes de jet utilisées pour la chasse peuvent être envoyées à des distances considérables. Pour le dire autrement, si l’espèce humaine était née sur Mars, elle aurait ressemblé aux hommes.
Vénus maintenant. Sa pression atmosphérique quatre-vingt dix-fois supérieure à la nôtre favoriserait des êtres plus petits, aux bassins plus larges. Les pluies acides qui s’y abattent nécessiteraient la présence d’une couche protectrice sur le sommet du crâne (pourquoi pas une chevelure plus abondante ?). Les femmes, c’est certain, viennent de Vénus.
Reste une grande interrogation : comment ces deux espèces, si différentes et issues de planètes éloignées, ont-elles pu devenir interfécondes et être transportées sur Terre à une époque où la technologie nécessaire leur était totalement inaccessible ? À cette question aussi, je pense pouvoir répondre. Mais les conclusions seraient si terribles, si inimaginables, remettraient tant en question ce que nous pensons savoir de notre place dans l’univers, que je frémis à sa seule pensée. Je peux pourtant l’affirmer preuve à l’appui. Les hommes et les femmes ont été… (le reste du manuscrit est brûlé et illisible)
A noter qu'a l'inverse, Frank Herbert a livré une rétrospective morose de vacances d'enfance au Pilat dans le manuscrit original de Dune.
L'homme mangeait un mars, la femme nettoyait le velux, telle était la vie trépidante de la famille Boucherand, installé dans une maison en crépi située dans une banlieue pavillonnaire proche de Paris.